Technologies et droits

​Un an de l’accord UE-Turquie : joyeux anniversaire ?

Pour les 60 ans de l’UE, il faut enterrer l’accord UE-Turquie pour respecter les valeurs de l’Europe.

by David Morelli
Le 18 mars, cela a fait un an que l’accord UE-Turquie a été signé. Or cet anniversaire est loin d’être un événement heureux. En effet, il permet de faciliter le renvoi des personnes qui atteignent le territoire européen via les îles grecques et la Turquie. Les États européens ont en échange promis à la Turquie 3 milliards d’euros.

Or la Turquie n’est ni un pays stable, ni un pays sûr pour les réfugiés et les demandeurs d’asile. Les réfugiés y sont abandonnés dans des conditions précaires et n’ont qu’un accès très limité au travail, à l’éducation et à la santé. Des enfants y sont même soumis au travail forcé. De plus, elle renvoie massivement les Syriens qui tentent de fuir la guerre qui sévit dans leur pays.

En signant cet accord avec la Turquie, les dirigeants européens entendaient décourager les réfugiés d'essayer de rejoindre l'UE.

Le 18 mars 2016, l’ensemble des dirigeants européens ont signé l’Accord UE-Turquie. Ils se sont mis d’accord sur le fait que les personnes qui traversent la Turquie vers la Grèce sans document de voyage et sans faire de demande d’asile, ou dont la demande est considérée comme irrecevable, seront renvoyées en Turquie, considérée comme un « pays sûr ». Par ailleurs, pour chaque Syrien renvoyé par l’UE, un réfugié syrien qui se trouve en Turquie sera réinstallé par l’UE.

Par cet accord, les dirigeants européens envoient un message dissuasif aux réfugiés, les incitant à rester en Turquie.

La Turquie n’est pas un pays sûr pour les réfugiés

Le prix à payer pour cet accord en termes de droits humains est extrêmement élevé. Tout d’abord, la Turquie organise de façon illégale des expulsions forcées vers la Syrie de personnes fuyant la guerre. De plus, 90% des 2,8 millions de réfugiés syriens en Turquie vivent à l’extérieur des camps, dans des conditions très difficiles avec un accès limité aux services de base.

La plupart des réfugiés en Turquie vivent en dehors des camps surpeuplés, contraints à survivre avec un accès très limité au travail et aux besoins de base.

Ainsi, un an après la signature de l’accord, seuls quelques milliers de permis de travail ont été émis. La grande majorité des réfugiés survit grâce à l’économie informelle. Seuls 60% des enfants syriens vivant en Turquie ont accès à l’éducation. Des milliers d’enfants sont forcés de travailler.

Un accord illégal

Pour les organisations signataires de ce communiqué, cet accord est en contradiction avec la Convention de Genève relative aux réfugiés. Les réfugiés doivent avoir la possibilité de demander l’asile dans un pays européen, et donc aussi en Grèce.

L’accord tient sur le fait que la Turquie est considérée comme un « pays sûr » pour les demandeurs d’asile et les réfugiés, ce que nous contestons.

De surcroît, le 20 mai 2016, une juridiction grecque a émis une décision dans le dossier d’asile d’un Syrien, qui reconnaissait que la Turquie n’était pas un pays tiers sûr.

Les ONG des droits de l'homme ne considèrent pas la Turquie comme un pays sûr pour les migrants et appellent l'Europe à revoir ses définitions.

La Libye : prochain « pays sûr » ?

Par ailleurs, cet accord pourrait constituer un modèle pour de futures coopérations avec d’autres pays tiers. L’UE est déjà en train d’investir beaucoup d’argent dans le renforcement de la frontière libyenne et des moyens pour les garde-côtes libyens, afin d’empêcher les migrants et les réfugiés de quitter le pays.

Ceux-ci sont bloqués dans un pays frappé par une guerre civile sanglante où trois gouvernements et des centaines de milices s’affrontent. Est-ce ainsi que nous prenons nos responsabilités envers les personnes en exil ?

Des chiffres interpellants

Depuis le 4 avril 2016, 916 personnes ont été renvoyées en Turquie. Le nombre d’arrivées dans les îles grecques a fortement baissé. L’accord est donc considéré comme un succès par les décideurs européens. Cependant, depuis son entrée en vigueur, plus de 25.000 personnes ont encore risqué leur vie en empruntant la même voie maritime. La Belgique a, elle, réinstallé 132 Syriens de Turquie.

Pour les 60 ans de l’UE, il faut enterrer l’accord UE-Turquie pour respecter les valeurs de l’Europe

Depuis l'entrée en vigueur de l'accord, ils sont plus de 25000 à avoir tenté la traversé de la Méditerranée en vue de rejoindre l'Europe.

Avec cet accord, l’UE tourne le dos à ses normes et à ses valeurs. Des normes et des valeurs qui seront mises en lumière à l’occasion du 60ème anniversaire de l’UE ce 25 mars.

Cet événement ne pourra être fêté que si l’UE choisit la solidarité et enterre l’accord EU-Turquie.

Signataires : Amnesty International, CAW Antwerpen, CIRÉ, CNCD-11.11.11, Église du Béguinage Bruxelles, Liga voor Mensenrechten, Ligue des droits de l’Homme, Limburgs Platform Vluchtelingen vzw, Médecins du Monde, Merchtem Multicultureel, Minderhedenforum vzw, ORBITvzw, vzw SOCK, Vluchtelingenwerk Nederland, Solentra asbl, VLOS vzw, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, Werkgroep Vluchtelingen Gent, 11.11.11.

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