Si vous demandez à une poignée de citoyens italiens ce que cela signifie d'être italien, vous n'obtiendrez sans doute pas la même réponse de tout le monde. Cependant, si vous leur demandez quelle sont les principales caractéristiques des italiens, ils vous répondront probablement que ce sont de gens très ouverts et généreux.
À la Coalition pour les droits civils et les libertés, on aimerait bien être d'accord. On aimerait bien pouvoir dire que les italiens ne construisent pas de mur. Mais ils le font et depuis longtemps.
Les italiens construisent des murs à travers les discours politiques populistes, dans lesquels "les italiens sont prioritaires". Ils construisent des murs à travers les réseaux sociaux où ils écrivent que les migrants les "envahissent". Ils construisent des murs à travers les manifestations, où ils crient aux migrants de rentrer chez eux.
Ils l'on tweeté, partagé sur Facebook, dit, crié, et maintenant, ils l'ont également fait.
L'Italie qui ferme sa porte
L'incident s'est déroulé dans la petite ville de Goro, peuplée de 4000 habitants. Le soir du 23 octobre 2016, une poignée de citoyens a construit une barricade en bois sur les trois routes qui menaient au village afin d'empêcher le passage d'un bus transportant des migrants qui allaient y être replacés.
11 femmes et huit enfants se trouvaient dans le bus. Des femmes et des enfants. Des êtres humains, qui avaient pour seule différence d'être nés à Alep et non à Goro. Le bus qui les transportait a du rebroussé chemin et se rendre dans une autre ville.
L'autre Italie
La bonne nouvelle, c'est que ces italiens ne représentent pas la majorité des gens dans notre beau pays.
À Naples, des citoyens ont accroché d'immenses banderoles dans le port et dans les rues, portant un message simple: "Bienvenue aux réfugiés. Vous êtes à Naples chez vous".
À Rome, le Centre culturel Baobab a été intégralement organisé et géré par des migrants et des bénévoles qui ont reçu et trié de la nourriture, des vête
ments et des matelas offerts par des habitants du quartier (avant que les autorités ne vident complètement ce lieu fin septembre).
À Lampedusa, tous les habitants sont des bénévoles, qui ont ouvert leurs portes et offert leur nourriture et vêtements aux migrants. Au sud de l'Italie et dans les îles, se trouvent les centres de premier accueil et les centres de premier accueil temporaires, alors que dans le reste du territoire on trouve des centres d'accueil permanent destinés aux adultes et aux mineurs isolés, gérés par l'administration publique et les groupes de la société civile.
La peur de l'autre
Au lendemain de l'évènement de Goro, de nombreuses autorités publiques et de responsables politiques ont déclaré avoir honte d'une telle attitude de la part de ce groupe d'individus. Cependant, il faut se demander d'où provient cette peur qui a entraîné un tel acte, et ce qui l'alimente.
En dehors du fait qu'il s'agissait d'enfants et de femmes inoffensifs, qu'est-ce qui a pu entraîné une telle peur chez les habitants de Goro et d'autres italiens et les amenés à rejeter les migrants? Peut-être est-ce du à la manière dont la question est abordée dans les médias, puisque les aspects positifs de l'immigration et les exemples d'intégration réussie ne semblent pas faire les gros titres.
Peut-être la question est-elle trop politisée pour qu'en parle en termes de nombres, chiffres, et faits. La confusion créé par la présence d'informations contradictoires ou partiales entraîne beaucoup d'individus à avoir peur de ceux qui viennent du sud, et à leur donner ces étiquettes: "les autres", ceux qui ne font pas partie de "ce que nous sommes".
Nous espérons que les exemples positifs de générosité et d'intégration permettront d'arrêter la propagation des peurs et aidera à faire tomber les murs construits pour repousser ceux qui fuient la guerre et la violence.