La loi italienne sur l'avortement contient un échappatoire dangereux, permettant aux médecins de refuser de suivre la procédure. Les avortements sont donc autorisés sur le papier, mais restent presque impossible à réaliser en pratique, et les docteurs qui y sont favorables (les "pro-choix") sont victimes de discrimination, déclare le Conseil de l'Europe.
En Italie, le manque d'accès à l'avortement fait que les droits des femmes sont couramment violés. Les interruptions volontaires de grossesses (IVG) sont légales dans le pays, mais une écrasante majorité de docteurs se déclare comme des "objecteurs de conscience" et refuse ainsi d'assister et de suivre la procédure.
En d'autres termes, si les avortements sont légaux sur le papier, il est presque impossible d'y avoir recours, peut-on lire dans le New York Times.
La violation du droit à la santé des femmes n'est pas la seule à susciter des inquiétudes. Les gynécologues et obstétriciens favorables à l'avortement sont aussi victimes de discrimination active, et font souvent l'objet d'intimidations. Certains font remarquer que les "non-objecteurs ont été ghettoïsés", comme le souligne l'International Business Times.
Le Conseil de l'Europe a condamné cette situation plus que préoccupante dans une récente décision résultant d'une plainte déposée par le CGIL, le syndicat le plus important du pays.
Une "clause de sauvegarde" dangereuse
Bien que l'interruption volontaire de grossesse soit légale depuis l'année 1978 et l'adoption de la loi 194, l'Italie ne permet toujours pas aux femmes d'avoir recours à un avortement sûr.
En théorie, les femmes peuvent décider d'interrompre leur grossesse au cours des douze premières semaines. Cependant, la loi 194 contient un dangereux échappatoire qui autorise les docteurs à refuser d'effectuer et assister des avortements pour des raisons religieuses ou morales, en se déclarant "objecteurs de conscience".
Jusqu'à 70% des médecins italiens ont recours à l'objection de conscience, et dans certains régions il est même impossible de trouver un médecin acceptant de pratiquer l'avortement (dans les régions de Molise, Basilicate, Sicile et dans les Pouilles, on compte de 86% à 93% d'objecteurs refusant de suivre la procédure).
Pourquoi ces docteurs refusent-ils de pratiquer l'avortement ? L'Église catholique joue ici un rôle très important. En Italie, le Vatican a toujours exercé une très forte influence, particulièrement dans les domaines de la santé et de l'éducation. Il n'est à ce titre pas surprenant d'apprendre que l'Église catholique encourage les hôpitaux à recruter des gynécologues et obstétriciens "pro-vie" (ou "anti-choix"), comme le rapporte le journal britannique Independent.
Avortements clandestins
Les femmes italiennes qui souhaitent avoir recours à l'avortement sont souvent obligées de se rendre à l'étranger ou bien de passer outre les autorités italiennes en entreprenant un avortement clandestin. Les avortements effectués dans le secret sont en augmentation, ce qui est extrêmement préoccupant, puisqu'ils impliquent des risques considérables pour la santé et le bien être des femmes.
Les données officielles estiment qu'environ 15 000 avortement clandestins sont conduits chaque année en Italie, mais beaucoup déclarent que ce chiffre est en réalité bien plus élevé.
En l'état actuel des choses, le droit à la santé et l'autodétermination des femmes sont gravement compromis en Italie. De plus grands efforts doivent être ainsi menés afin que les femmes souhaitant interrompre leur grossesse puissent le faire en toute sécurité. Une des étapes clefs consiste à assurer que les docteurs qui décider d'effectuer et assister les avortements ne fassent pas l'objet de discriminations.