Technologies et droits

La Lituanie continue de porter atteinte aux droits des personnes détenues

Suite à sa visite de 2018 dans les établissements pénitentiaires de Lituanie, le Comité contre la torture a conclu dans son rapport que l'État continuait de violer les droits des personnes détenues.

by Human Rights Monitoring Institute

C'est au sujet de deux établissements pénitentiaires, les centres Marijampolė et Pravieniškės, visités entre le 20 et le 27 avril, que le Comité contre la torture avait le plus à dire. La principale préoccupation du Comité concerne des cas de violences extrêmes perpétrées par les gardiens (même au cours de la visite). Le Comité a répété de nouveau que les gardiens ne pouvaient pas répondre aux infractions de manière violente, et abuser de leur pouvoir. Selon le Comité, si il n'y a pas d'autre choix que de celui de faire usage de la force, les actes du personnel doivent être filmés et rendus accessibles en vue d'être examinés. Ce n'est actuellement pas le cas, et ce dans aucun des établissements.

Le Comité a également signalé des niveaux très élevés de violences (dont violences sexuelles), d'intimidation et d'exploitation entre personnes détenues dans les établissement visités. Les détenus maintiennent des sous-cultures hiérarchiques en prison. Le Comité est particulièrement critique à l'égard des gardiens, qui tolèrent cette violence et n'en font pas assez pour protéger les personnes détenues.

Comme dans ses précédents rapport, le Comité a souligné la nécessité de recruter du personnel supplémentaire (surtout en ce qui concerne les soins médicaux en prison), mais aussi les besoins en formation.

Des conditions de détention insatisfaisantes dans de nombreux établissements

La Comité a vu d'un bon oeil la rénovation des établissements d'Alytus, Marijampolė et Pravieniškės. Les cellules répondent aux critères minimum pour chaque individu et l'éclairage y est suffisant. Cependant, certains établissements, dont quelques établissement rénovés, ne satisfont pas les critères hygiéniques, les personnes détenues continuant de n'avoir droit qu'à une seule douche par semaine et ne pouvant pas pratiquer les activités de loisir de leur choix. Le Comité s'est montré très dur concernant la façon dont sont organisés les dortoirs (de type "colonie") et concernant le fait que la transition vers un système basé sur des cellules était bloquée.

Si les détenus condamnés à la prison à perpétuité peuvent communiquer les uns avec les autres, ils restent séparés des autres personnes détenues. Le Comité a alerté sur cette pratique et a demandé instamment à l'État de mener des évaluations des risques individuelles à l'heure de décider si un détenu doit être placer en isolement, plutôt que de baser cette décision sur des préjugés.

Un accès aux soins qui doit être amélioré

Le rapport accorde une attention toute particulière à l'accès à la santé des personnes détenues. Non seulement on observe un manque de personnel médical et de professionnels de santé, mais aussi de nombreux incidents violents, dont les conséquences n'ont pas été répertoriées et décrites de manière exacte.

Selon le Comité, il est nécessaire de mettre en place une stratégie sur le long terme en vue de lutter contre l'addiction aux drogues, le trafic et le partage de ces dernières. Bien que des centres de désintoxication aient été mis en place dans les centres pénitentiaires de Marijampolė et Pravieniškės, ils ne porteront pas leurs fruits si les personnes concernées sont renvoyées dans un environnement où les autres continuent d'utiliser des drogues. Par exemple, 21 nouvelles contaminations par le VIH ont été signalées dans le centre pénitentiaire d'Alytus en 2016, ce chiffre ayant grimpé jusqu'à 58 en 2017.

Outre les cas de VIH et d'hépatite, le système se préoccupe trop peu de la santé psychologique des personnes détenues. Le Comité a demandé à l'État lituanien de l'informer sur la façon dont il compte régler ces problèmes persistants, lesquels requièrent tous des plans d'actions à court et long terme. De nombreuses personnes détenues affirment ne pas avoir vu leur bien-aimé.e depuis des mois, et les transferts d'une prison à l'autre risquent bien d'aggraver le problème de la surpopulation carcérale.


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