Technologies et droits

#MeAndMyRights : les métadonnés, qu'est-ce que c'est et pourquoi devons-nous les protéger?

Les représentants politiques défendent la surveillance de masse et font souvent une distinction sur le type d'informations qu'ils.elles veulent recueillir, estimant que la collecte de métadonnées ne pose pas de problèmes.

by Israel Butler

Le mot "donnée" (data, en anglais) signifie "information". Dans le cadre de notre série #MeAndMyRights, ce terme se réfère aux informations conservées et stockées informatiquement. Ces dernières peuvent être conservées dans les banques de données d'une entreprise du Net ou d'une société de téléphonie, ou encore dans un disque dur ou une clef USB que vous pouvez utilisez chez vous ou qui peut être utilisé par les autorités.

Les données relatives au contenu (content data) se réfèrent précisément au contenu de vos appels téléphoniques, emails ou sms : ce que vous dites, les vidéos que vous faites, les mots que vous avez écrits dans un sms.

Les métadonnées se réfèrent quant à elles aux informations concernant vos appels ou emails, et non ce qu'ils contiennent. Cela peut concerné l'objet de votre email ou de votre sms, le nom du destinataire, l'heure à laquelle vous l'avez envoyé, votre localisation. Pour un appel téléphonique, il peut s'agit du numéro appelant ou que vous appelez, votre localisation leur de l'appel, la durée de l'appel... Sur votre Smartphone, de nombreuses applications collectent également des informations concernant votre localisation, ce qui est aussi considéré comme des métadonnées, ainsi que les adresses des sites internet que vous avez visités et les recherches que vous avez effectuées sur les moteurs de recherche, tels que Google.

Les Métadonnées nous disent beaucoup de choses sur vous

De nombreux gouvernements veulent recueillir nos Métadonnées et c'est la raison pour laquelle vos représentants politiques font souvent la distinction entre Métadonnées et données relatives au contenu. Ces derniers, défendant la surveillance de masse, comparent souvent les Métadonnées à des adresses écrites sur une enveloppe, et les données relatives au contenu à la lettre que renferme l'enveloppe. Ils.elles avancent que le grand public n'a pas à s'inquiéter de la collecte des Métadonnées par le gouvernement, car celui-ci ne connaîtront pas exactement le contenu de nos messages. Malheureusement, cette analogie est bien trompeuse.

En réalité, les Métadonnées en disent beaucoup sur nous, bien plus que ce que nous pensons, et plus rapidement que les données relatives au contenu. Si je pouvais voir vos métadonnées recueillies sur plusieurs semaines, je serais en mesure de savoir assez rapidement à quoi ressemble votre quotidien. Par exemple, où et quand vous allez manger, où vous travaillez, votre heure d'arrivée et de départ, vos activités après le travail (chercher vos enfants à l'école, aller faire du sport, faire les courses). Je serai à même de savoir qui sont vos meilleurs amis et collègues les plus proches, car ce sont eux.elles avec qui vous avez le plus de contact. Et je serais capable de savoir de quoi vous parlez grâce aux objets de vos emails, de savoir si vous êtes proche de votre famille en étudiant la fréquence de vos communications avec vos proches, de connaître vos orientations politiques et religieuses en identifiant les sites web que vous visitez. Je serais capable de connaître vos passe-temps en regardant ce que vous lisez et acheter sur le web. Si vous êtes en contact avec un médecin, avocat.e, banquier.e, psychologue (etc.), je serais en mesure de dire si vous avez des problèmes de santé, de finances, d'ordre juridique, etc. En définitive, les Métadonnées permettent à quiconque de savoir beaucoup de choses sur nous sans devoir consacrer du temps à lire à travers nos emails ou regarder les vidéos de nos conversations.

Au niveau européen, la Directive de conservation des données est rejetée, mais les États comblent eux-mêmes le fossé...

Nos gouvernements ont en réalité adopté une loi à l'échelle de l'Union européenne qui oblige toute entreprise du Net ou de téléphonie à recueillir et conserver nos données pendant plusieurs années. Cette loi a été baptisée "Directive sur la conservation des données". En 2014, la Cour de justice de l'Union européenne a estimé que cette loi était illégale car elle portait atteinte à la vie privée de l'ensemble des citoyen.nes. Cela ne signifie pas que la Cour estime que la Police ne peut surveiller les individus. Mais il est nécessaire de détenir des preuves permettant d'affirmer que la personne est susceptible de faire quelque chose d'illégal. Les gouvernements n'ont pas le droit de traiter l'ensemble des citoyen.nes comme des personnes suspectées de crime et de porter atteinte à leur vie privée.

Au lieu d'éliminer la pratique de surveillance de masse, la plupart des gouvernements ont simplement décidé de créer leur propres lois nationales pour "combler le fossé", en réponse au rejet de la Directive de l'UE sur la conservation des données. En 2016, la Cour de justice de l'UE (CJUE) a statué sur une seconde affaire, indiquant que les lois nationales étaient également illégales. Mais cela n'a pas empêché plusieurs gouvernements d'aller plus avant avec des loi autorisant la surveillance de masse, comme c'est le cas du Royaume-Uni et des Pays-Bas. Malheureusement, la Commission européenne, qui est censée s'assurer que les gouvernements nationaux obéissent aux loi, a déclaré qu'elle "ne conteste, ni ne prône" la création de nouvelles lois nationales sur la conservation des données. Peut-être la Commission pense-t-elle que la surveillance de masse joue un rôle important en vue de nous protéger du terrorisme. Malheureusement, toutes les études montrent que la surveillance de masse est inutile à l'heure d'arrêter les terroristes et de les empêcher de passer à l'acte.

Plus d'infos sur ce thème très prochainement.



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