À la lumière de la mort de Fidel Castro et de la répression croissante contre le mouvement démocratique cubain, le Conseil de l'UE et le Parlement européen doivent se demander si l'Accord de dialogue politique et de coopération (ADPC), signé hier, représente réellement ce que l'UE peut faire de mieux en matière de promotion des droits de l'homme et de la démocratie à Cuba.
En septembre dernier, nous avions publié l'article "Négociations UE-Cuba: exigeons la transparence!", traitant de la politique que l'UE a développé vis-à-vis de Cuba ces dernières années (tel que défini dans l'ADPC, afin justement de voir ce qui pouvait être fait en matière de droits de l'homme. Nous y avions placé le rôle de l'accord dans le contexte politique actuel de Cuba et le l'avions comparé à l'ancienne politique, telle que définie dans la Position commune de l'UE concernant Cuba, adoptée par le Conseil de l'UE en 1996.
Ne vous attendez pas à des réformes sur les droits de l'homme
Nous avons également comparé la façon dont les droits de l'homme et la démocratie sont traitées dans l'accord et dans l'Accord d'association signé en 2012 avec six pays d'Amérique centrale (Découvrez ce rapport: "Nothing but a Dialogue on Human Rights.").
L'intensification de la répression politique a commencé au lendemain des négociations qui s'étaient tenues en mars dernier et qui avaient été suivies de la visite de Barack Obama quelques semaines plus tard. Cette hausse de la répression peut s'interpréter comme étant le résultat d'une confiance accrue du gouvernement après qu'il a établi avec succès des relations avec la communauté internationale sans avoir à changer quoi que ce soit dans son système politique.
Cet article conclut que la stratégie du gouvernement cubain pour les années à venir est transparente et n'inclut aucune réforme en matière de système politique ou de droits de l'homme.
Lorsque l'on compare l'accord ADPC avec l'Accord d'association de 2012, il apparaît évident que les demandes relatives à la démocratie et aux droits de l'homme faites aux états officiellement démocratiques sont beaucoup exigeantes que celles faites à des états autoritaires, tels que Cuba.
Transfert de pouvoir
De ce point de vue-là, l'accord complémente d'une certaine manière la stratégie du gouvernement visant à transférer le pouvoir politique des mains de la génération révolutionnaire à celles de leurs héritiers politiques, et le pouvoir économique à celles des militaires, bien plus qu'à promouvoir les droits de l'homme, comme l'UE voudrait le faire croire. Le gouvernement cubain peut donc répondre aux exigences de l'accord ADPC sans avoir à changer quoi que ce soit en matière de droits de l'homme.
En défendant le statut quo à Cuba, la communauté internationale déligitimise aussi la stratégie du mouvement démocratique qui vise au changement à travers une approche pacifique.
Les citoyens frustrés pourraient quant à ne plus croire en des changements pacifiques et se voir prôner une approche violente. Si cela venait à se produire, la communauté internationale devrait intervenir.
Un faux pas pour l'UE
Néanmoins, l'accord constitue un véritable faux pas, non seulement en ce qui concerne les relations avec Cuba, mais également en ce qui concerne les relations avec des gouvernements autoritaires en général. Si l'UE "assouplit" ses exigences auprès des pays autoritaires, il sera d'autant plus difficile d'en amener d'autres sur la voie du changement.
Aussi recommandons-nous aux États membres du Parlement européen de ne pas consentir à cet accord.
Pour de plus amples informations, nous vous recommandons de visiter les pages ci-dessous:
http://m.diariodecuba.com/derechos-humanos/1481159010_27260.html (en espagnol)
https://www.civilrightsdefenders.org/sv/news/open-letter-to-eu-on-cuba-negotiations/ (en anglais)
https://www.civilrightsdefenders.org/sv/news/svenska-eu-maste-pressa-kuba-till-att-respektera-manskliga-rattigheter/ (en suédois)
https://www.civilrightsdefenders.org/sv/news/svenska-sverige-offrar-offentlighetsprincipen-for-god-relation-till-kubas-regering/ – (in Swedish)
https://www.civilrightsdefenders.org/sv/news/svenska-ett-lyft-embargo-annu-ingen-anledning-att-gladjas-for-kuba/ – (en suédois)